Autour d'Albert Uriet : figures d'illustrateurs
JOB (Jacques Onfroy de Breville)
- Né à Bar-le-Duc le 25 novembre 1858.
- Montre très tôt une prédisposition pour le dessin.
- 1870-1876 : poursuit ses études au collège Stanislas à Paris.
- Envisage d’entrer à l’école des Beaux-Arts ; son père s'y oppose. S’engage dans l’armée pour une courte période.
- 1882 : entre aux Beaux-Arts et se spécialise dans l’illustration, considérée alors comme un genre mineur. S’adonne un temps dans la caricature de presse pour La Nouvelle Lune (1883, 1884) et La Caricature (1886). Passe par les ateliers de Carolus Duran (peintre français et directeur de l’école française de Rome), rencontre Évariste Luminais (peintre d'Histoire militaire), Meissonier, Edouard Detaille et Emmanuel Poiré, futur Caran d'Ache avec lequel il se lie d’amitié.
Portrait de JOB
Le vif souvenir que Jacques Onfroy de Bréville garde de ses années passées dans la cavalerie explique sa passion pour les scènes militaires et l’uniforme. Il rassemble sur le sujet une importante documentation et consacre à l’histoire de France le principal de son œuvre, collaborant surtout avec Georges Montorgueil, pseudonyme du journaliste Octave Lebesgue.
Dans le même temps, il s’essaie à des thématiques plus proprement enfantines. Il participe aux albums de Rondes et Chansons publiés par les imageries d’Epinal, fournit des planches humoristiques aux imageries artistiques de la maison Quantin (dont Winsor McCay s’inspirera pour Little Nemo) ou illustre entre 1885 et 1887, toujours pour cette dernière, quelques-uns des volumes de son « encyclopédie enfantine ». Il met enfin en images des contes moraux (Les Gourmandises de Charlotte, 1890 ; ABC Petits contes, 1921 ; Kildine, histoire d'une méchante petite princesse, 1921) et un voyage au pays des jouets : Liline et Frérot au pays des joujoux (1903).
Au cours de sa carrière, il illustre pas moins de 90 livres pour enfants, qu’il signe JOB, acronyme de ses prénom et noms.
Il meurt le 15 septembre 1931 à l’Aigle (Orne)
Style
Conscient du lien entre le fond et la forme, Job s’attache au fil de son œuvre à une exploration systématique des ressources expressives de la mise en pages et, plus globalement, d’une rhétorique figurée qui, à ses yeux, met l’image sur un pied d’égalité avec le texte. Montorgueil y fut sensible, déclarant dans l’avant-propos du Bonaparte (1910) : « Cette belle succession d’images, sur laquelle, bien avant de lire ce texte, votre curiosité est rassasiée, vous a déjà tout dit de ce qu’il y a à dire. »
Le style de Job marie un puissant souffle épique à un lyrisme subtil. Le dynamisme de ses compositions, qui joue sur le point de vue et les ressorts de la mise en page, exacerbe le caractère dramatique de ses « tableaux ». A l’inspiration jaillissante de ses premiers croquis, succède une minutieuse phase de retouches, afin d’obtenir des dessins d’une précision et d’un réalisme absolus. L’observateur doit pouvoir circuler à l’intérieur de la scène, du premier plan jusqu’aux détails de l’arrière-plan.
Job ne renonce pas pour autant à l’expression symbolique des sentiments, notamment lorsque ses illustrations imprimées à fond perdu, inscrivent le texte dans le tissu sensuel de l’image, déjà porteur d’une atmosphère. Ses tons clairs et veloutés sont posés en dégradé jusqu’aux teintes plus denses du 1er plan. En coloriste averti, il joue admirablement de la lumière. Saisis dans l’obscurité, ses personnages éclairés d’une lumière fantasmagorique, projettent sur la page leurs ombres apparentes et intérieures. Mais la mise en page cloisonnée qu’Albert Uriet impose à la fin des années 1920 entre vignette en noir in-texte et illustration pleine page en hors-texte, toujours enfermée dans un cadre, va brider la créativité de l’artiste. Ses compositions pour la maison Mame n’auront plus, dans ses dernières années, l’ingéniosité de ses premiers albums.
Livres jeunesse parus chez Mame
- A. Hermant, Le Bon Roy Henry, illustré par Job, 1894, in-4 oblong, 48p.
- Louis Joubert, Les Mots historiques du pays de France, texte par Trogan, illustré par Job, 1896, in-folio, 92 p. Réédité avec des mises à jour en 1910(4e), 1915 (5e), 1922(6e).
- Aristide Fabre, A la gloire des bêtes, illustré par Job, 1913, in-folio, 90 p.
- Jean Richepin, Allons enfants de la patrie !, illustré par Job, 1920, in-folio, 146 p. 33 poèmes célébrant le courage militaire des Français. L’ouvrage débute par la confrontation de Sainte Geneviève et d’Attila, se poursuit avec Roland, Jeanne d’Arc, la croisade des enfants et consacre de nombreuses pages à la première guerre mondiale, de la déclaration d’août 1914 à la victoire finale.
- Jules Lemaître, A.B.C. Petits contes, illustré par Job, 1921, in-4, 54p. Réédité en 1923.
- Marie-Alexandra-Victoria d’Edimbourg, Kildine, Histoire d’une méchante petite princesse, illustré par Job, préface de Robert de Flers, 1921, in-folio, 96 p. Réédité en 1934 (in-4 non illustré, 125 p.)
- Marie, queen of Roumania, The Story of Naughty Kildeen, hand-colored illustrations by Job, New York, Harcourt Brace and Co, [1922], in-folio, 95 p., printed in France by A. Mame and sons Existe dans une édition de 148 pages, beaucoup moins illustrée (Harcourt, Brace & Co., 1927)
- Louis Sonolet, Tambour Battant, mémoires d’un vieux tambour (1792-1918), illustré par Job, 1922, in-4, 140 p.
- Jacques Bainville, Petite Histoire de France (des origines à 1920), illustré par Job, 1928, in-4, 160p. Réédité en 1931, 1935, 1950, 1954.
- Joseph Bédier, Chevalerie, illustrations de Job, 1931, in-4, 45 p.
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