Autour d'Albert Uriet : figures d'illustrateurs
Marie-Madeleine Franc-Nohain
- Originaires de Béziers, ses parents habitent Paris. Son père Léopold, musicien et compositeur, côtoie de nombreuses personnalités littéraires et artistiques dont Mallarmé, qui deviendra un grand ami et qui le mènera à l’écriture poétique.
- 6 juin 1878 : naissance à Valmondois de Marie-Madeleine Dauphin.
- 1898-1899 : Marie-Madeleine Dauphin, artiste peintre, publie ses premiers dessins dans le journal L’Aube méridionale, auquel collabore son père.
Vers 1910 : De gauche à droite : Henriette Boschot, sera bibliothécaire à l’Opéra de Paris, Maurice Etienne Legrand, dit Franc-Nohain, Claude Marie Eugène Legrand, dit Claude Dauphin, Marie-Madeleine Franc-Nohain, née Dauphin, Jean-Marie Legrand, dit Jean Nohain ou Jaboune, Marguerite Boschot, sœur de Marie-Madeleine Franc-Nohain
- 3 mars 1899 : mariage de Marie-Madeleine Dauphin et de Maurice-Etienne Legrand, tour à tour, avocat, sous-préfet, écrivain, librettiste et poète. Maurice Legrand adopte pour nom de plume « Franc-Nohain ».
-16 février 1900 : naissance de Jean-Marie Legrand, dit Jean Nohain ou Jaboune.
-19 août 1903 : naissance de Claude Marie Eugène Legrand, dit Claude Dauphin, futur acteur de cinéma.
- Dès 1902 : Marie-Madeleine Franc-Nohain donne des illustrations pour Le Rire (signant « mf-n » ou « Maud Franc-Nohain »), puis pour Le Journal des dames et des modes (1912-1914) où elle adopte pour paraphe définitif « mfn » ; elle contribuera plus tard au journal Benjamin créé par son fils Jean.
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Eté 1934 : Francine (à gauche) et Marie-Madeleine Franc-Nohain
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1915 : Marie-Madeleine Franc-Nohain entourée de ses enfants. Debout: Claude Dauphin et Jean Nohain. Dans les bras de sa mère : Francine Franc-Nohain
- 1914 : Grasset édite à grands frais son premier album Le Journal de bébé, vendu en deux versions : bleu pour les garçons, rose pour les filles. Cet ouvrage sera réédité en 1927 (Grasset), en 1980 (Nestlé) et en 1987 (Metropolitain Museum of Art).
- 17 décembre 1914 : naissance de sa fille Francine, ainsi prénommée par élan patriotique mais aussi par référence au nom de plume de son père.
- 1920-1942 : illustre de nombreux livres pour enfants chez Plon, Flammarion, mais surtout Larousse, Desclée de Brouwer et Mame.
- 1940 : afin d’éviter l’occupation allemande, quitte Paris pour Genillé, près de Tours, avec sa fille Francine et sa belle-fille (femme de Claude). Au début de l’été 1942, tombe gravement malade. Est hospitalisée à l’hôpital de Saint-Symphorien, à Tours, pour être opérée à la mi-août.
- Décède le 1er septembre 1942.
Maurice Etienne Legrand, dit Franc-Nohain (1872-1934)
- Fonde au lycée Janson-de-Sailly avec André Gide et Pierre Louÿs Potache revue.
- Commence à écrire des vers amorphes puis se tourne vers le théâtre et l’opérette.
- Collabore à La Revue blanche, La Revue bleue, La Vogue, La Revue de Paris, La Revue des deux mondes, La Vie heureuse, La Revue de France, La Flèche, Revivre, Les Nouvelles littéraires.
- Tient la rubrique de critique littéraire, puis de critique dramatique à L’Écho de Paris, où il entre en 1906, écrivant sous le pseudonyme de « Pickwick » ou « Oncle Bertrand ». Il en devient le secrétaire général en 1918. Publie pour la jeunesse plusieurs textes dont certains seront illustrés par sa femme : Le Journal de Jaboune (1914) et Fables (1921).
Jean-Marie Legrand, dit Jean Nohain ou Jaboune (1900-1981)
- Après des études de droit, entre dans la magistrature (qu’il abandonnera en 1935).
- Écrit parallèlement pour les enfants des textes qui seront illustrés par Joseph Pinchon ou par sa mère.
- 1929 : lance Benjamin, journal pour la jeunesse qui paraîtra jusqu’en 1939. Y participeront activement sa mère et sa sœur Francine.
- Années 30 : débute une carrière de parolier et donne des émissions radiophoniques pour les enfants.
- 1939 : s’investit dans le lancement d’un « livre-magazine » Nous les jeunes ! publié par la maison Mame, dont il préface le premier numéro. La publication est abandonnée après le bombardement de l’entreprise en 1940.
- Après la guerre : anime des émissions pour les enfants sur Radio-Luxembourg, puis à la télévision dans les années 1960-1970. Il est connu pour son émission de variétés 36 chandelles.
Francine Legrand, dite Francine Franc-Nohain ou Francine Legrand Dauphin (1914-1970)
- Dès son adolescence, dessine avec sa mère pour L’Echo de Paris (page des enfants paraissant le dimanche) et pour le journal Benjamin auquel elle fournit de nombreux reportages. Signe « Francine » ou « Bopip », en référence au personnage des nursery rhymes « Little Bo-Peep ».
- 1933 : signe les quatrains de l’album Jeux, que sa mère publie chez Mame.
- Automne 1942 : Francine et Claude Legrand rejoignent Gibraltar et embarquent pour l’Angleterre afin de se rallier aux forces françaises libres.
- 1943 : parution chez Mame de A chacun son métier, dernier album illustré par Marie-Madeleine Franc-Nohain, sur des textes de sa fille Francine.
- Au sortir de la guerre : Francine réalise un abécédaire marqué par l’enthousiasme de la victoire. A French ABC est édité en 1947 aux Etats-Unis, en version bilingue. Il est signé Francine Legrand Dauphin.
- 1947 : illustre chez Mame Grand Frère et petite sœur. Entraînement joyeux à la lecture courante de Jacqueline Tallois et Contes sans fées de Magdeleine Strowski (coll. « Pour tous »).
- Mariée à un écossais, Francine émigre au Canada en 1956.
Grand frère, petite soeur, Entraînement joyeux à la lecture courante, 1947
Style de Marie-Madeleine Franc-Nohain
Illustratrice au trait tendre et délicat, son oeuvre graphique est essentiellement tournée vers l’enfance qu’elle observe avec l’œil d’une mère. Ses débuts d’illustratrice sont en effet liés à sa vie familiale. Dans une tradition ouverte par Kate Greenaway et Boutet de Monvel, elle figure l’enfance sous des traits volontairement naïfs, mais sans mièvrerie. Son dessin fin et net, ses formes simples et arrondies, ses couleurs douces, posées en aplat, confèrent à ses tableaux un caractère aérien. Un parfum de nostalgie se dégage de son oeuvre.
Ses planches aquarellées sont peuplées de fillettes à la poupée, portant chapeau, d’enfants au visage d’ange et au vêtement soigné, tout occupés à leurs jeux, rondes et balançoire. Dans Jeux (1933), la belle page présente des enfants réunis le plus souvent dans un jardin ou devant une maison. Cet espace doublement « cadré » circonscrit un univers familial ou social normé, tandis que sur la page en vis-à-vis, le champ décloisonné de la surface blanche exalte une ère ludique où se développent librement les jeux de l’enfance.
Parmi ses plus beaux albums figurent aussi les trois recueils de chansons. Très inspirée par les Vieilles chansons et rondes pour les petits enfants (1884) de Boutet de Monvel, elle en renouvelle cependant les jeux graphiques. Le rythme s’élabore moins dans la symétrie forcée du cadre que dans le déploiement d’un mouvement en double page, où l’image à fond perdu se joue des pleins et des vides.
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"Frère Jacques", M.-M. Franc-Nohain in Chantons, dansons
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"Frère Jacques", L.-M. Boutet de Monvel in Vieilles chansons et rondes pour les petits enfants
Livres parus chez Mame
Les agendas de Marie-Madeleine Franc-Nohain permettent de retracer ses relations avec la maison tourangelle. L’artiste note le 13 février 1930 : « Visite d’un personnage important de la maison Mame qui me demande des illustrations pour Les Malheurs de Sophie. J’accepte, tout à fait contente. » Par la suite, c’est Auguste Hoppenot (directeur général) qui se rend à son domicile. En février 1932, il lui propose d’illustrer trois albums (Jeux, Contes et images, Rondes et Chansons). La réalisation des dessins à partir de la maquette de l’éditeur est en général très rapide (entre 1 et 2 mois) et se fait en deux étapes : un premier envoi de dessins au trait suivi, après approbation de l’éditeur, d’une mise en couleurs. L’impression succède avec un délai plus ou moins long (de 3 mois à 9 mois).
- La comtesse de Ségur, Les Malheurs de Sophie, images par Marie-Madeleine Franc-Nohain, 1930, In-4, 160 p.. Réédité en 1949.
En 1936, les éditeurs G. P. Putman’s Sons (New York) et Williams & Norgate (Londres) reprennent sous le titre The Misfortunes of Sophy, les illustrations de l’artiste parues quelques années plus tôt dans Les Malheurs de Sophie. Ils optent cependant pour une série de 4 albums d’une cinquantaine de pages, là où l’édition française fut publiée en un volume de plus de 150 pages - La comtesse de Ségur, Un Bon Petit Diable, images par Marie-Madeleine Franc-Nohain, 1931, In-4, 192 p.
- Marie-Madeleine Franc-Nohain (avec des vers de sa fille Francine), Jeux, 1933, In-4.
- Contes et images, illustration de Marie-Madeleine Franc-Nohain, 1934, in-4.
- Rondes et chansons, avec accompagnements faciles par Ernest Van de Velde, images par Marie-Madeleine Franc-Nohain, 1935, in-4 oblong, 48 p.
- Chantons, dansons. Rondes et chansons avec accompagnements faciles par Ernest Van de Velde, images par Marie-Madeleine Franc-Nohain, 1936, in-4 oblong, 41 p. Réédité en 1949.
- Chantons Noël, avec accompagnements faciles, par Ernest Van de Velde, images de Marie-Madeleine Franc-Nohain, 1939, in-4 oblong, 48 p.. Réédité en 1946.
- Christoph von Schmid, Contes de Schmid, images par Marie-Madeleine Franc-Nohain, 1940, in-4, 160p.. Réédité en 1943 (96 p.)
- Charles Perrault, Contes des fées, avec des Marie-Madeleine Franc-Nohain, 1941, in-4, 147p. Réédité en 1951.
- Marie-Madeleine Franc-Nohain (légendes de sa fille Francine), A chacun son métier, 1943, petit in-4, 44 p.
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